Homélie du 5e dimanche de Carême A


Frères et Sœurs, nous sommes pratiquement à la dernière ligne droite vers le dimanche des « Rameaux », où Jésus va faire son entrée triomphale à Jérusalem, par des acclamations et des chants. Cette entrée de Jésus à Jérusalem n’a pas laissé indifférentes les autorités religieuses de son époque. Ils étaient angoissés, inquiets devant la popularité grandissante du Rabbi de Nazareth : « Jésus, notre Sauveur ».
Jésus a eu un succès pastoral sans précédent, en attirant vers lui toutes les couches de la société de son époque. Il fait bon accueil aux pécheurs, même les pécheurs catalogués, aux prostituées, aux pauvres de son temps. Il guérit les malades, expulse les esprits mauvais. Souvenons-nous que Jésus a dit vertement : « Je ne suis pas venu pour les bien-portants, mais pour les malades ». Frères et sœurs, se reconnaître pauvre, malade, c’est déjà une porte ouverte pour accueillir l’inestimable miséricorde de Dieu. Car l’orgueil ne peut et ne pourra nous amener nulle part, sinon que dans l’abîme. La liturgie d’aujourd’hui offre à notre méditation la résurrection de Lazare. Une résurrection qui préfigure la passion et la résurrection du Christ, mais aussi notre propre résurrection. Qui est Lazare ? D’ailleurs, le nom de Lazare, dans le langage hébraïque signifie : « Dieu secoue ». Lazare est un homme comme tout homme, le frère de Marthe et de Marie. Un homme de foi et d’espérance qui croit en Jésus, le messie de Dieu. Tous les textes de la liturgie d’aujourd’hui nous ouvrent vers l’espérance. Car Dieu vient ouvrir nos tombeaux pour nous arracher du néant de la mort. L’apôtre Paul nous rappelle que le Chrétien ne vit pas sous l’emprise de la chair, mais sous l’emprise de l’Esprit-saint. Nous avons la chance d’avoir l’Esprit-saint habitant en nous et qui donnera la vie à nos corps mortels.
Frères et sœurs, la liturgie de ce jour trouve son actualisation dans le contexte que le monde vit aujourd’hui. Avec l’ampleur des pertes en vies humaines un peu partout dans le monde ; moi particulièrement je me suis dis que le monde, notre monde, est en train de faire sa descente aux tombeaux. C’est en réactualisant ces passages bibliques dans notre vie que nous sommes réconfortés en ce Dieu de compassion et de miséricorde qui vient ouvrir nos tombeaux, nous guérir de toutes maladies et nous appeler à la vie moyennant que nous placions notre confiance en lui.
Tandis que Jésus était de l’autre côté du Jourdain avec ses disciples, annonçant la bonne nouvelle du royaume de Dieu, on vient lui annoncer la maladie, puis la mort de son ami Lazare, frère de Marthe et de Marie. Très touché par cette mauvaise nouvelle, il ne se laisse pas emporter par la tristesse et manifeste une profonde espérance : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu ».
En cours de route, Marthe vient à sa rencontre et lui dit : « Seigneur si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort ». Toujours pleine d’espérance et de confiance en Jésus, Marthe prononce sa profession de foi : « Maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera ». Jésus répond : « Ton frère ressuscitera. Moi, je suis la résurrection et la vie. Crois-tu cela ? » Sans hésitation, elle professe : « Oui Seigneur, je crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu ».
Puis Jésus demande où est-ce que le corps de Lazare est déposé ; Marthe lui répond : « Viens et vois ». Ce disant, elle invite Jésus à faire l’expérience déconcertante de la mort de son frère, et Jésus a versé des larmes d’homme. Frères et sœurs, par ce passage de l’évangile, nous sommes introduits dans le mystère de l’humanité et de la divinité de Jésus. Jésus éprouve de la tristesse et pleure devant le tombeau de Lazare, mais il dit également à Marthe : « Moi, je suis la résurrection et la vie ». Jésus est à la fois homme et Dieu. Étant homme, il est vulnérable ; étant Dieu, il est tout-puissant. Et ce sont ces deux dimensions que Jésus a mis en œuvre dans la résurrection de Lazare.
Alors que Lazare était enseveli depuis quatre jours, au sens de Marthe, il est déjà entré en putréfaction ; mais Jésus a demandé d’enlever la pierre. Après avoir prié le Père ; il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ». Et le mort sortit…
Dans ce passage de l’Évangile, je suis particulièrement attiré par le témoignage de foi de Marthe et de Marie, et la puissance de la Parole de Jésus. « Si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort » disaient-elles à Jésus. Ainsi, elles confessent que la présence de Jésus fait échec à la mort. La puissance de la Parole de Jésus qui guérit, qui ressuscite, qui relève, qui donne la vie. « Lazare, viens dehors ! » Et Lazare est sorti du tombeau, il est ressuscité par la puissance de la Parole de Jésus.
Frères et sœurs, croire en Jésus, Messie et Fils de Dieu, c’est déjà un début de résurrection. C’est avoir en soi la vie éternelle, que la mort physique elle-même ne peut anéantir. La résurrection de Lazare préfigure non seulement la résurrection de Jésus, mais aussi la résurrection de tous ceux et celles qui professent que Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père.
A l’heure de cette pandémie cruelle « Covid-19 », ce passage de l’Évangile nous invite aussi à fortifier notre espérance et notre confiance en Dieu. Il nous invite également à nous situer par rapport à Jésus ; et l’attitude de Foi et de Confiance de Marthe peut nous inspirer. Oui, nous pouvons nous questionner : « Qu’est-ce qui est mort en moi et que Jésus peut ressusciter ? »

Que le Seigneur vienne raviver ce qui s’éteint en nous, dans notre vie. Amen

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