Homélie du 3° dimanche de Pâques Le chemin d’Emmaüs


Frères et sœurs, quinze jours après la solennité de la résurrection du Christ, la liturgie de ce dimanche offre à notre méditation cette page d’évangile communément appelée « les disciples d’Emmaüs », où Jésus ressuscité est apparu aux deux disciples d’Emmaüs. Une apparition parmi tant d’autres, pour rassurer les incrédules ; car il fallait à Jésus de manifester sa gloire de ressuscité, pour compléter ce que le tombeau vide n’a pas dit.

Frères et sœurs,
Par cette page d’évangile, nous sommes invités à prendre conscience de ces deux dimensions de la vie humaine : la déception et la réussite. Combien de fois dans notre vie, avons-nous été déçus ? Déception du résultat d’un examen médical ; déception de ne pas avoir été reconnu pour les efforts consentis dans une activité, pour une mission reçue ; déception dans le boulot, devant une promotion qui n’est pas venue ! Déception de sa situation financière ! Déception d’un enfant qui ne répond pas à nos attentes ! Déception de ce que vous attendez d’un prêtre ! Déception dans une relation amoureuse ! Déception au niveau politique ! Vous auriez dû voir les visages et entendu certains candidats malheureux et certains de leurs supporteurs à la suite du premier tour des élections municipales ! Aujourd’hui, la grande déception du monde entier, c’est le Covid-19 qui a bouleversé nos vies, qui a mis à genoux notre monde, le monde entier. Tout cela, c’est juste pour vous dire, quoi qu’il en soit, que les déceptions aux multiples visages font partie de notre vie. Tandis que, si cela était en notre pouvoir, nous construirions un monde où les déceptions n’existeraient plus.
Alors pourquoi Dieu a-t-il créé un monde où la déception fait partie de notre quotidien ? Moi, je n’ai pas la réponse à cette question ; mais je suis convaincu que c’est dans ce contexte qu’il faut écouter le récit des disciples d’Emmaüs, présenté dans la liturgie d’aujourd’hui. Car ces deux hommes, que nous présente Luc, sont des gens déçus. Déçus de la vie, déçus de tout. Alors qu’ils croyaient en Jésus, le Roi Messie, celui qui va libérer Israël ; en quelques heures seulement, tout a sombré, il n’y a plus d’espoir, parce que disaient-ils, trois jours déjà depuis que les sacrificateurs, nos chefs, l’ont livré pour être crucifié. Les deux disciples d’Emmaüs ne cachaient pas leur déception, ils ont fui la ville de Jérusalem et discutaient en cours de route de leur déception. Soudain leur apparaît un homme, comme tout homme ; il leur demande « de quoi discutiez-vous en marchant ? » Avec un air triste, l’un d’eux, dont le nom était Cléophas, lui répondit : Ne fais-tu que séjourner à Jérusalem, que tu ne saches pas les choses qui y sont arrivées ces jours-ci ? Et il leur dit : lesquelles ? Celles concernant Jésus le Nazaréen, qui était un prophète puissant en œuvre et en parole devant Dieu et devant tout le peuple. Et là ils ont exprimé toute leur déception. Mais le mystérieux étranger qui se joint à eux va complètement changer le cours de leurs pensées. Il commence par s’étonner de leur manque d’intelligence et de leur incrédulité. Puis il ouvre les écritures à ces deux compagnons de route et leur fait découvrir les choses qui le regardent, en faisant une récapitulation de tout ce qui est dit de Jésus dans l’Ancien testament. En l’écoutant, les deux disciples ne voulaient pas se séparer de lui, aussi disaient-ils : « Reste avec nous, déjà le soir tombe, viens t’asseoir à notre table ! » La reconnaissance de Dieu est progressive ; il fallait attendre jusqu’à la fraction du pain pour que les disciples d’Emmaüs puissent reconnaître en ce mystérieux étranger, Jésus le ressuscité en personne.
Frères et sœurs, regardez comment le Seigneur se laisse retenir par ceux qui ont besoin de lui ! Il entre pour rester avec ces deux disciples. Frères et sœurs, nous pouvons nous identifier à divers titres à ces deux disciples d’Emmaüs. Vous vivez une grande déception ! Ne fuyez pas. Ne cherchez pas des solutions toutes faites, n’enterrez pas cela dans l’alcool ou la drogue, des films indécents. Ne niez pas votre déception ! Pleurez, criez et interrogez-vous ! N’hésitez pas à partager votre déception, vos incompréhensions avec d’autres et continuez à chercher la Lumière. Car c’est en partageant notre déception, nos incompréhensions avec d’autres, que nous parviendrons à obtenir la première consolation ; tout en sachant que la vraie consolation est en Dieu seul. N’oubliez pas, frères et sœurs, que Dieu est avec nous, mêmes dans les pires déceptions de notre vie.
Frères et sœurs, puissions-nous faire aussi cette expérience : lorsque nous sommes découragés, déçus, déboussolés et que nos circonstances ont tourné autrement que ce que nous espérions.
L’Évangile de ce dimanche nous rappelle que les disciples d’Emmaüs ont vécu deux moments importants : l’accueil de la Parole (Moïse et les prophètes), puis la Fraction du Pain (c’est le nom qui était donné à l’Eucharistie). C’est là que nous sommes tous invités à puiser de l’énergie en vue de la mission que le Seigneur nous confie.
Demandons à Dieu d’ouvrir notre Cœur à cette joie que le Christ nous a apportée, la joie pascale. Et d’ouvrir notre Esprit à l’intelligence de sa parole.
Amen.

- Méditation 1 : « Les disciples d’Emmaüs »
- Méditation 2 : « Reste avec nous Seigneur Jésus »

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