Église Saint Romain de GUITINIERES

Église Saint Romain de GUITINIERES

Ici - comme en beaucoup d’autres endroits - les guerres de religion ont apporté troubles, violences et destructions. Au temps de Richelieu encore, l’insécurité était telle que les habitants de Guitinières construisirent, en 1629, le rempart crénelé qui court en haut des murs de l’église romane. Construite au XIIe siècle et remaniée au XVIIe, elle est placée sous le patronage de saint Romain. La croix qui marque le carrefour des routes de Jonzac et de Clion, à l’entrée du bourg, constitue un autre témoignage des soubresauts locaux de l’histoire civile et religieuse. La croix actuelle, en effet, fut dressée en 1819, au moment de la Restauration après la tourmente révolutionnaire, à l’emplacement où une autre croix avait été érigée après les luttes entre catholiques et protestants.

Saint Romain, prêtre ( † en 384, à Blaye)

Des documents découverts à une période relativement récente et recoupés avec des récits plus anciens, comme celui de Grégoire de Tours au sujet de « la gloire des confesseurs de la Foi », permettent d’attester clairement l’existence de saint Romain au IVe siècle, ainsi que divers éléments de sa vie et la vénération que lui valut sa renommée. Il aurait été originaire d’Afrique et fut en tout cas un disciple très proche du grand saint Martin, l’évêque de Tours. C’est lui qui l’avait ordonné prêtre et l’aurait ensuite envoyé en Aquitaine pour y servir, à son exemple, l’évangélisation des campagnes encore vouées aux cultes païens. (L’assimilation était courante d’ailleurs, à l’époque, puisque du même mot latin pagani sont sortis les deux mots français : « païens » et « paysans » ... ). Quoi qu’il en soit, on rapporte que Romain se donna à cette mission avec tant de zèle et de sainteté, dans la région du blayais en particulier, qu’il s’y constitua une communauté chrétienne vivante et animée. Pour autant, les liens de Martin avec Romain ne s’étaient aucunement distendus, puisque l’évêque de Tours descendit et le prit avec lui au Concile provincial de Bordeaux, en 384. Au retour, Romain meurt à Blaye et on l’enterre dans le château-fort.

Son culte se développa alors autour de son tombeau et du monastère édifié dit-on par Charlemagne au IXe siècle. Il se prolongea longtemps sur les bords de la Gironde, où saint Romain était particulièrement invoqué par les marins. D’où certainement, la situation géographique des deux paroisses de Saintonge qui portent son nom : Saint-Romain-sur-Gironde (anciennement de Beaumont) tout près des falaises de Mortagne, alors battues par les flots, et Saint-Romain-de-Benet au bord de ce qui était alors le golfe santon. Mais pourquoi Guitinières, à l’intérieur des terres ? Sûrement parce que cette paroisse a été fondée entre le VIe et le VIIe siècles, c’est-à-dire à l’époque où on commence, en Gaule, à mettre les églises sous le patronage de saints locaux et non plus de martyrs extérieurs, comme à Jonzac les saints Gervais et Protais, martyrs à Milan...

Églises en Charente-Maritime

D’autres photos sur le site de Michel Caron

Plan de la paroisse

Répartition des clochers de la paroisse en secteurs